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Rapport d'activité 2022

Tech4Press

Nothing2Hide a créé, grâce au soutien de Digital Defenders Partnership, un service d’assistance numérique d’urgence pour les activistes et les journalistes, Tech4Press. Afin d’aider les journalistes et les activistes à faire face aux défis de cette ère de surveillance, Tech4Press propose un panel de services numériques : Hot Line, formations à la sécurité numérique et distribution de VPN.

Nous avons réussi à toucher 310 activistes et journalistes. Sur les 310 personnes aidées, 148 sont des femmes et 162 des hommes. L’activité de formation reste prépondérante dans notre projet puisque 247 personnes ont bénéficié d’une formation et 63 d’une réponse d’urgence via notre hotline. Il est à noter que de nombreux appels à la hotline aboutissent à l’organisation d’une formation.

La plupart des bénéficiaires sont situés en Europe et en Afrique subsaharienne. Ceci est dû au réseau de Nothing2Hide en France et également en Afrique de l’Ouest et de l’Est. La troisième place revient à l’Asie centrale avec 20 bénéficiaires. Cela s’explique par le fait que Nothing2Hide travaille en étroite collaboration avec l’ISOC Kirghistan depuis le début de l’année 2022.

Les typologies des bénéficiaires sont assez éclectiques. En effet, si N2H est plus habitué à travailler avec un public de journalistes (d’où le nom du projet Tech4Press) à travers des rencontres et notre réseau nous avons réussi à élargir l’audience de ce projet à la société civile en général et aux associations luttant pour les droits LGBTQI en particulier, principalement en Afrique subsaharienne, où l’homosexualité est criminalisée dans certains pays.

Enfin, en avril, nous avons organisé une conférence en direct sur Twitter (à l’aide de l’Espace Twitter) sur la sécurité numérique des manifestants. Le Twitter Space a été organisé en collaboration avec StreetPress, un média français enquêtant sur les brutalités policières, et a été écouté plus de 2100 fois.

Ce projet a été financé par Digital Defenders Partnership.

PiGuard

PiGuard est un outil plug & play de contournement de la censure. Les boîtiers PiGuard sont faciles à créer et sont basés sur des serveurs Raspberry Pi bon marché et faciles à trouver. Une fois allumée et connectée à Internet, la boîte PiGuard crée un réseau wifi permettant aux utilisateurs qui s’y connectent de bénéficier d’une connexion cryptée. Jusqu’à 20 personnes peuvent se connecter simultanément. Lorsqu’un serveur VPN est bloqué, le boîtier PiGuard se connecte automatiquement et de manière transparente à un autre serveur. PiGuard est un outil de contournement de la censure facile à utiliser et difficile à bloquer.

Le code utilisé pour PiGuard du côté de la boîte et du client est disponible sur [N2H public online code repository] (https://gitlab.octopuce.fr/nothing2hide/piguard).

L’objectif principal du projet était de déployer des boîtiers PiGuard parmi les communautés qui en avaient le plus besoin : activistes, ONG, défenseurs des droits de l’homme et journalistes. Pour ce faire, nous avons donné à nos trois organisations partenaires les moyens de créer, d’utiliser et d’entretenir les boîtiers PiGuard :

  • Atramos Taskas en Estonie, qui a pu distribuer les boîtiers PiGuard en Russie
  • Medar en Turquie
  • Africans Rising pour la région sub-saharienne

Après une formation dispensée par les experts techniques de N2H, chacune de ces organisations a dû construire entre 20 et 30 boîtiers PiGuard et les déployer au sein de son réseau.

Les déploiements ont commencé en juin 2021 pour la Russie et la Turquie et en septembre 2021 pour le Sénégal. Pendant la durée du projet, nous avons déployé 61 boîtiers au lieu des 100 initialement prévus. Cette différence peut s’expliquer par les difficultés de déploiement de notre partenaire Africans Rising qui ont engendré des coûts supplémentaires (expédition et configuration par N2H) mais aussi par le prix du raspberry pi qui a presque doublé entre le début du projet et la fin des derniers déploiements.

Ce projet a été financé par Open Collective Fund.

Grâce aux boîtiers PiGuard, nous estimons que

  • jusqu’à 1000 personnes, principalement des journalistes et des activistes, ont bénéficié d’une connexion non censurée et protégée dans des contextes autoritaires au cours du projet
  • 200 personnes, principalement des journalistes et des activistes basés en Russie et en Turquie, disposent toujours d’une connexion protégée et non censurée.

Nous avons renforcé 2 organisations, Atramos Taskas et Medar, qui sont maintenant autonomes dans la création, la configuration et la maintenance des boîtes PiGuard. L’infrastructure du serveur contenant les nœuds de sortie permettant aux boîtes de bénéficier d’une connexion libre et non censurée sera maintenue par N2H même après la fin du projet.

Enfin, l’une des plus grandes réussites de ce projet est qu’une organisation d’Asie centrale, l’Internet Society (ISOC) Kyrgyzstan, a créé et mis en place sa propre infrastructure de serveurs PiGuard en utilisant les outils développés par N2H. 20 boîtes PiGuard ont été distribuées en Asie centrale et sont maintenant maintenues par ISOC Kyrgyzstan.

Ce premier projet nous a également permis d’obtenir de nombreux retours d’expérience sur le terrain. N2H travaille déjà sur une nouvelle version de PiGuard mieux adaptée au contexte sub-saharien. Les partenaires initiaux du projet, Atramos Taskas, Medar, ainsi que l’ISOC Kyrgyzstan sont déjà intéressés pour bénéficier des améliorations techniques que N2H souhaite mettre en place.

APEDDH

APEDDH (Action Pour l'Éducation et la Défense des Droits Humains) est une association basée à Kigali qui travaille principalement sur le secteur minier au Rwanda. Cette activité a valu à l’organisation de nombreuses menaces de la part d’acteurs privés et publics du secteur minier, des appels anonymes cherchant à localiser le bureau de l’APEDDH à Kigali, des menaces directes sur le terrain à proximité des mines, etc.

Tous les témoignages et données recueillis par APEDDH étaient stockés sur un ordinateur dans leur bureau à Kigali. Rien n’était crypté et il n’y avait aucun de système de sauvegarde. L’APEDDH craignait que ces données, photos et vidéos prises sur le terrain, témoignages de villageois vivant près des mines, soient saisies par des institutions véreuses et détruites, ou pire, que les témoins subissent des représailles de la part d’agents corrompus.

Pour faire face à ces menaces, Nothing2Hide a mis en place plusieurs mesures :

  • Le chiffrement des disques, connexion VPN sécurisée par défaut (fournie par l’infrastructure VPN WireGuard de Nothing2Hide), installation d’une sélection d’applications pour la collecte sécurisée des données.
  • Un système de collecte de données sécurisé a été mis en place grâce à l’installation de l’application mobile sécurisée Tella pour Android.
  • 5 smartphones (Android Murena) et deux ordinateurs ont été achetés et configurés et durcis pour remplacer l’ancien matériel obsolète de l’APEDDH
  • Un support de sauvegarde chiffré adapté aux contraintes de connexion au Rwanda a été créé pour les sauvegardes locales dans le bureau d’APEDDH.
  • Les cinq membres de l’équipe d’APEDDH ont été formés par Nothing2Hide aux bases de la sécurité numérique et au processus de collecte de données Tella
  • Pendant 20 semaines (3 mois) après la formation, N2H a assureré une assistance à distance avec l’équipe d’APEDDH.

Ce projet a été financé par Open Technology Fund dans le cadre de leur programme Rapid Respond Fund.

Autres

  • Plateforme de transmission de documents sécurisés pour Anticor
  • Accompagnement l’ONG Civic Right Defenders pour sécuriser leur infrastructure (Stockholm)
  • Collaboration avec Free Press Unlimited (Totem) à l’adaptation et la traduction de deux nouveaux cours en ligne : comment protéger son identité en ligne et protéger ses périphériques
  • Distribution de proxy Signal en Iran
  • Réalisation d’un audit sécurité pour le média indépendant d’information StreetPress

Formations

Nothing2Hide a formé plus de 630 personnes en 2022. Depuis sa création en 2017, plus de 2400 personnes ont donc été formées par l’association.

Les participant·e·s sont des journalistes ou étudiant·e·s en journalisme, des militant·e·s et activistes qui oeuvrent au sein d’ONG, d’associations ou indépendament et des citoyen·ne·s curieux·ses ou qui ont à coeur la protection de leurs données, de leurs communications, de leur navigation. Près de 60% des participant·e·s sont basé·e·s en France. Après la crise Covid, Nothing2Hide a cependant pu reprendre plus intensivement ses formations à l’international. L’association est intervenue notamment en Afrique de l’Ouest, au Moyen-Orient et en Asie Centrale.

  • [Membres N2H] Créer votre propre dashboard d’OSINT : 7 personnes
  • [Membres N2H] Spywares : leurs fonctionnements, comment les débusquer et présentation du Kit MVT d’Amnesty qui permet d’analyser un smartphone
  • Militantes LGBTQIA+ pour Solidarité Sida dans le cadre de Solidays : 15
  • ONG Some of us : 5
  • ONG Anticor : 5
  • Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) : 30
  • France Télévisions (Rennes) : 10
  • La Croix : 9
  • StreetPress : 16 personnes
  • Radio Télévision Suisse (RTS) : 18
  • Ouest France : 2
  • Formation OSINT de journalistes dans le cadre des Osint Games (Paris) : 30
  • Journalistes pigistes (qui travaillent sur les milieux masculinistes) : 2
  • ESJ Lille : 60
  • Ecole de journalisme de Tours (EPJT) : 60
  • Master Journalisme & médias numériques à Metz (février) : 20 personnes
  • Académie des futurs leaders : 10
  • Ecole de journalisme de Lannion : 25
  • Ecole de Journalisme de Grenoble : 25
  • The Center for Investigative Journalism (février) : 39 personnes (journalistes de toute l’Afrique subsaharienne)
  • African Rising (dans le cadre de Tech4Press) : 120 journalistes
  • Journalistes de Mena Rights Group : 12
  • The Euro-Mediterranean Foundation of Support to Human Rights Defenders (EMHRF) : 15
  • Militants activistes du Moyen-Orient (avec Access) : 10
  • Cénozo et le Rory Peck Trust : 50 journalistes du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Bénin)
  • Alternatives Cameroun (dans le cadre de Tech4Press) : 30
  • Journalistes et militants en collaboration avec notre partenaire ISOC (Kirghizistan) : 30

EMI

La désinformation n’épargne aucune tranche d’âge ou classe sociale. Même si le phénomène est difficilement quantifiable, selon Rudy Reichstadt le fondateur de Conspiracy Watch, un observatoire des théories du complot, de plus en plus d’enseignants et d’éducateurs témoignent pour dire que quelque chose se passe chez des jeunes de plus en plus nombreux à adhérer aux théories du complot, qu’ils découvrent sur internet.

Pourtant s’ils contribuent à faire circuler de fausses informations, les outils numériques peuvent aussi être mis à contribution pour lutter contre la désinformation devenir ainsi de formidables outils de décryptage et d’analyse de l’information.

Un kit de lutte contre la désinformation

C’est l’ambition de notre projet Tous acteurs et actrices de l’information : utiliser le numérique pour lutter contre la désinformation tout en restaurant un lien de confiance avec les médias dits traditionnels. Nous avons créé un kit open source de lutte contre la désinformation avec le soutien de la fondation 7 ans et de la fondation Nicolas Puech. Constitué d’une vingtaine de fiches ateliers et de 4 parcours pédagogiques adaptés pour enfants, ados, adultes et séniors, il contient l’ensemble des ressources et outils pédagogiques nécessaires à l’animation d’ateliers d’EMI.

Au final, nous avons pu toucher directement presque 100 personnes, adultes, ados et enfants et parmi eux des publics très touchés par la désinformation. Ce fut particulièrement le cas avec les ateliers en centre éducatifs ouverts avec la fondation *La vie au grand air* qui nous a permis d’aborder les problématiques de désinformation avec un public de jeunes décrocheurs qui n’a par ailleurs pas souvent (voire jamais comme nous l’a confirmé la fondation) l’occasion de participer à des ateliers sur ces sujets.

Au-delà de cet impact, nous avons pu organiser notamment (en médiathèque et avec la fondation Léo Lagrange et lors des Assises du journalisme) des ateliers EMI avec des journalistes (Libération, Mars Actu) au cours desquels nous avons eu l’occasion de faire participer les participant·es à une investigation dans le cadre d’un sujet amené par le ou la journaliste.

Il est plus difficile d’estimer le nombre de personnes qui ont pu s’emparer des ressources mises en ligne sur notre base documentaire et sur Factoscope pour animer des ateliers. Les seules informations dont nous disposons sont le nombre de visites sur le site de ressources de Nothing2Hide qui compte en moyenne 8000 visites / an. Cependant le partenariat mené avec l’EPJT et le projet *Factoscope* a donné une nouvelle exposition à nos contenus et notamment hors de l’hexagone puisque le site a été présenté dans le cade de l’événement organisé par CFI en juillet 2023 qui réunissait plus de 300 journalistes et acteurs de médias venus de 45 pays.

Conférences et interventions

  • Conférence Café Europa au Bewley’s Oriental Café à Dublin, Irlande (en compagnie de John Mooney, journaliste du Times et du Sunday Times et des étudiants en journalisme de la Dublin City University)
  • Conférence à l’Electrolab pour parler protection des données et logiciels libres. La vidéo de la table ronde est accessible sur Twitch.
  • Membre du jury d’un concours dont l’objectif est de créer des solutions de lutte contre la censure, organisé à l’Oslo Freedom Forum, et à l’invitation de l’ONG Human Rights Foundation
  • Conférence avec notre partenaire Isoc Kirghizistan à l’occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information : https://nothing2hide.org/en/2022/05/17/webinar-digital-opportunities-for-people-in-kyrgyzstan/
  • Conférence et une table ronde sur la sécurité numérique dans le cadre du festival Résistances (Foix)
  • Table ronde au 1er Forum Civic tech d’Afrique francophone organisé par l’agence Canal France International (CFI) à Abidjan (Côte d’Ivoire)
  • Débat qui a suivi la projection du film Hacking Justice de Clara Lopez Rubio et Juan Pancorbo au cinéma Les 7 Parnassiens à Paris
  • Conférence sur la sécurité numérique en Asie Centrale lors du Forum baptisé DiscoTech avec notre partenaire ISOC Kirghizistan

Campagne de dons

Pour la première fois de notre existence, nous avons fait appel à une agence de communication pour nous aider à réaliser notre campagne de dons fin 2022. FCinq a accepté de travailler bénévolement pour Nothing2Hide et on les en remercie chaleureusement d’autant plus que leur travail de qualité nous a permis de structurer un peu plus cette activité chez nous.

Même si la somme des dons 2022 est loin de couvrir le budget de fonctionnement de l’association (nous avons obtenu 6900 € de dons en 2022) cette campagne 2022 nous a permis de travailler à la mise en œuvre un véritable système d’emailing, avec l’aide de notre hébergeur Octopuce. Nous utilisons désormais l’outil libre et ouvert phplist, hébergé sur nos serveurs. Les dons représentent une faible partie du budget de l’association et représentent par là même l’un des axes d’amélioration le plus évident pour réussir à financer nos actions.

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